L'horreur absolue se trouve à quelques centaines de kilomètres des frontières de la Vieille Europe. Pas une semaine sans que le monde n'assiste effaré au déchaînement de Daech en Irak, en Syrie et désormais en Libye. Ces criminels revendiquent la barbarie la plus absolue: ils affament, égorgent et violent.
Des exactions ont été commises contre des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants appartenant aux communautés chrétiennes, yazidis et musulmanes chiites. Le 4 février dernier le comité des droits de l'enfant de l'Organisation des Nations unies a dénoncé le sort insoutenable que Daech réserve aux enfants yazidis et chrétiens, vendus comme esclaves, décapités, enterrés vivants. Daech massacre systématiquement ceux qui, depuis des siècles, vivent sur ces terres: hommes, femmes, enfants, uniquement parce qu'ils sont d'une autre religion qu'eux.
Nous ne pouvons pas détourner les yeux. Nous nous sommes fortement mobilisés pour qu'un groupe d'études sur la situation des chrétiens d'Orient puisse voir le jour à l'Assemblée nationale. La création de ce groupe d'études, composé de députés de toutes tendances politiques, le 17 septembre dernier, fut un premier signal fort. Il a montré que la France, et notamment son Parlement, ne se désintéressait pas du sort des minorités chrétiennes dans le monde.
Il faut aller beaucoup plus loin, il y a urgence. La France, patrie des droits de l'homme et de la liberté, a toujours eu à cœur de défendre le droit des plus faibles. Nous avions salué l'action humanitaire du gouvernement lorsque le pont aérien avec Erbil a été mis en place au début de l'automne 2014. Nous avions relayé dans chacune de nos circonscriptions, en lien avec les organisations humanitaires, le lancement d'une grande chaîne de solidarité pour venir en aide très vite sur place aux populations réfugiées et leur apporter des vivres, des médicaments et des vêtements chauds pour affronter l'hiver.
Mais nous ne pouvons pas nous contenter d'une action humanitaire, le temps politique est venu. Avec l'État islamique nous avons changé de monde. Il faut passer de l'indignation à l'action et mettre des mots sur ce qui se passe là-bas, car c'est un véritable génocide qui se déroule sous les yeux de la communauté internationale.
L'urgence est l'endiguement de l'État islamique. Nous devons intensifier la mobilisation diplomatique et militaire. La France doit engager un dialogue extrêmement ferme et sans concession avec ses partenaires dans la région. On ne peut à la fois dire aux Français et aux Européens «intervenez et nous vous soutenons financièrement» et dans le même temps leur demander de fermer les yeux sur les financements qui partent du Golfe ou d'ailleurs et alimentent les réseaux fondamentalistes.
Nous sommes engagés dans une coalition internationale -29 pays et organisations se sont réunis à Paris pour répondre à l'appel de la France- mais il faut aller plus loin et engager une action immédiate visant à tarir les sources de financement dont Daech bénéficie. En effet, ce dernier dispose de moyens financiers et militaires sans précédent. La France doit, avec l'appui de ses partenaires européens, demander la création d'une commission d'enquête sur la provenance de ces fonds.
La France doit également saisir sans délai la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, et convaincre ses partenaires européens et onusiens de le faire avec elle. Cette saisine remplit un objectif double. D'une part, faire cesser immédiatement ces crimes, et d'autre part, permettre, à l'issue d'une enquête menée par la CPI, de poursuivre et punir tous les auteurs de ces crimes, qu'ils y aient pris une part active ou aient apporté à ceux-ci leur soutien d'une quelconque façon, notamment en les finançant et en armant les groupes terroristes de Daech. L'attentisme aujourd'hui n'est plus défendable -Il faut agir vite !
Signataires:
Valérie Pécresse, députée des Yvelines et Présidente du groupe UMP au Conseil Régional d'Île-de-France. Coprésidente du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur la situation des Chrétiens d'Orient
Véronique BESSE, coprésidente du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur la situation des Chrétiens d'Orient
Damien ABAD, Elie ABOUD, Nicole AMELINE, Jean-Pierre BARBIER, Daniel BOISSERIE, Valérie BOYER, Xavier BRETON, Jérôme CHARTIER, Guillaume CHEVROLLIER, Dino CINIERI, Philippe COCHET, Bernard DEBRE, Rémi DELATTE, Nicolas DHUICQ, Dominique DORD, Virginie DUBY-MULLER, Christian ESTROSI, Georges FENECH, François FILLON, Philippe FOLLIOT, Jean-Christophe FROMANTIN, Yves FROMION, Yann GALUT, Sauveur GANDOLFI-SCHEIT, Hervé GAYMARD, Annie GENEVARD, Claude GOASGUEN, Philippe GOSSELIN, Jean-Claude GUIBAL, Jean-Jacques GUILLET, Michel HERBILLON, Patrick HETZEL, Francis HILLMEYER, Denis JACQUAT, Jacques KOSSOWSKI, Jean-François LAMOUR, Pierre LEQUILLER, Céleste LETT, Véronique LOUWAGIE, Lionnel LUCA, Victorin LUREL, Jean-François MANCEL, Thierry MARIANI, Hervé MARITON, Alain MARLEIX, Patrice MARTIN-LALANDE, Alain MARTY, François de MAZIERES, Philippe MEUNIER, Jean-Claude MIGNON, Yannick MOREAU, Hervé MORIN, Jacques MYARD, Dominique NACHURY, Bernard PERRUT, Jean-Frédéric POISSON, Axel PONIATOWSKI, Christophe PREMAT, François PUPPONI, Frédéric REISS, Jean-Luc REITZER, Camille de ROCCA SERRA, François ROCHEBLOINE, François SCELLIER, Thierry SOLERE, Michel SORDI, Jean-Marie TETART, Dominique TIAN, Patrice VERCHERE, François-XavierVILLAIN, Philippe VITEL, Éric WOERTH.