De la place Bernard Palissy au 58 avenue du Général Leclerc.
Longueur: 1370 mètres - Largeur: 10 mètres.
L’origine de cet ancien chemin se perd «dans la nuit des temps». On le trouve indiqué sur les plus anciens plans de Boulogne qui ne remontent pas plus loin, d’ailleurs, qu’au début du XVIIIème siècle. Mais comme il faut bien admettre que les villageois de Boulogne avaient quelques communications, si rares fussent-elles, avec la ferme de Billancourt, ce chemin - ou cette piste - devait être très ancien. En outre, il desservait, si l’on peut dire, les fourches patibulaires qui se dressaient à l’angle sud- ouest de nos rues de Paris et de Billancourt, ce qui lui avait valu le nom de «chemin du Gibet». Le cadastre de 1860 mentionne encore le Gibet en tant que quartier ou lieu-dit. Cet épouvantail se trouvait sur le territoire de Saint Cloud et le chemin sur celui de Boulogne. En 1790, la commune de Boulogne, nouvellement créée, réunit les deux parties. La révolution débutait sous des auspices humanitaires et c’est pourquoi ce signe odieux de la féodalité fut démoli. Le compte du maire mentionne que l’on tira une ressource égale à 10 livres de la vente des bois. Il est curieux de constater que cet ornement marquait l’entrée de la seigneurie de Saint Cloud, dont le titulaire était l’Archevêque de Paris et que la Reine Marie-Antoinette en allant ou en revenant de son château de Saint Cloud, ait pu le contempler sans en être choquée. Celui d’ Auteuil, situé vers la rue Gudin, se trouvait aussi sur cette route.
Un arrêté d’alignement de l’An XI (1803) nous apprend que le chemin de Billancourt est très sinueux et qu’on en portera la largeur à 5 toises (9, 74 mètres) à la hauteur de la maison Camus, qui n’est autre que la future - et ancienne - mairie (1880-1934 Ce coquet bâtiment du premier Empire, avant de devenir un édifice municipal inconfortable, avait été la résidence d’été de gens éminents dont le plus remarquable fut M. de Guaïta, entre 1835 et 1866.
En 1838, le conseil municipal émit l’avis suivant: «considérant que beaucoup de propriétaires ont construit sur l’ancien alignement de 8 mètres et, au surplus, que par sa position, la rue de Billancourt n’aura jamais une grande importance, qu’elle est peu fréquentée, que les maisons y ont peu d’élévation, qu’en conséquence la largeur de 8 mètres parait une garantie suffisante, tant pour la salubrité que pour la circulation» on peut se contenter de ces 8 mètres comme le fait la Ville de Paris et de même que pour la rue d’Aguesseau, qui est «une rue principale et de grande communication». Mais on ne dit pas que les principaux intéressés sont des conseillers municipaux et le maire Sciard lui-même, qui ont acquis des lots de la propriété de la Marquise de Verdun et qui tiennent à ne rien donner pour l’élargissement. On reviendra plus tard à 10 mètres. Ce lotissement de Verdun, débris de l’ancien «fief de Valcourt», explique que toute une partie de la rue ait été habitée «bourgeoisement» alors que le reste se garnissait de buanderies vers 1830 - une douzaine en 1832 .
Un tombeau situé au milieu des terres se trouvait à l’emplacement des écoles. Le 7 février 1840, le conseil municipal décide de l’enlever «vu qu’il gêne la circulation, et blesse même les lois de l’équité. Il est situé sur une pièce de terre appartenant à M. de Rothschild et a été placé là à une époque où il n’y avait aucune habitation, sans enquête de commodo incommodo». La dite pièce de terre avait des dimensions réduites à celles du tombeau, ce qui signifie qu’elle avait eu cette seule destination. Nous supposons que le baron de Rothschild, alors consul général d’Autriche à Paris, en avait l’entretien parce qu’il s’agissait sans doute des corps de soldats étrangers morts à Boulogne durant l’occupation de 1815, circonstance qui expliquerait l’absence de l’enquête publique qui choquait les juristes de 1840.
Le développement de notre ville avait amené les blanchisseurs à construire à leurs frais en 1832 une chaussée «fendue» pour faire écouler les eaux sur la Route de la Reine. En 1844, elle devient une «chaussée bombée» et est prolongée. On fait des trottoirs en 1852, un égout en 1862.
En 1880, la Ville achète pour 300.000 francs la propriété Lepetit - ex-Guaïta - et y établit la mairie. (à l’angle de la Route de la Reine et de la rue de Billancourt).
En 1891, nos conseillers municipaux sont scandalisés parce que l’entrepreneur Hoffmann, adjudicataire de l’enlèvement des ordures ménagères, au lieu de transporter celles-ci en dehors de la Ville, s’en sert pour combler ses carrières. On ne pensait plus à cette histoire en 1911, lorsqu’on acquit la propriété Hoffmann pour y édifier un groupe scolaire qui, commencé au début de 1914, ne put être achevé qu’en 1920.
En 1908-1910, les premières usines d’aviation furent construites dans cette rue d’abord par Maurice Farman, puis par Esnault-Pelterie, et enfin par Henri Farman, lequel fusionna avec son frère peu après. Esnault-Pelterie, qui essaie là ses moteurs R.E.P., en soulevant l’ire des habitants du voisinage, abandonnera en 1913 faute de commandes, et vendra aux automobiles Schneider.
En 1932, la Compagnie du métropolitain vint élever un atelier près de la rue Galliéni et, pour le relier à la ligne n°9, construit un souterrain rue de Billancourt. Ce tunnel se trouvait dans une nappe aquifère et sa construction assécha les puits du voisinage. En 1942, il fut classé comme abri contre les bombardements. Les gens qui l’utilisèrent alors peuvent avoir un frisson rétrospectif, car si en son centre, il était recouvert de 6 à 7 mètres de terre, il se terminait en pente douce et si une bombe était venue bloquer l’entrée (comme cela se produisit au métro Pont de Sèvres), beaucoup des 4000 à 5000 personnes qui s’y réfugiaient auraient péri par l’asphyxie ou la noyade (?). mais il n’y avait pas mieux dans le quartier